D'un côté, un tee-shirt bleu presque aussi beau qu'au premier jour. De l'autre, un tee-shirt bleu en passe de devenir fadasse. Mais pourquoi certaines couleurs résistent mieux que d'autres ? Question de textile. Question de teinture aussi ! On vous explique ce qu’est le grand-teint pour mettre un terme au terne !
Ça va être simple, rapide et très séduisant. Un grand-teint, qu’on appelle aussi « bon teint », est un tissu de couleur qui présente une bonne résistance :
À la lumière : on pense au soleil qui peut éclaircir !
Aux lavages : on pense à leur répétition qui peuvent finir par décolorer un vêtement.
À la sueur : on pense aux auréoles parfois tenaces des taches de transpiration.
Au chlore : on pense aux serviettes de plage en bord de piscine !
C’est sous le règne de Louis XIV que la distinction entre grand-teint et petit-teint fait son apparition. En effet, il est temps de créer un règlement afin de limiter certaines fraudes quant à la tenue des couleurs sur les textiles. Véridique !
On en retrouve les grandes lignes dans l’Encyclopédie de Diderot dont voici un extrait :
« Teinture : l’art de teindre se distingue en France en grand et bon teint, et en petit teint. Le grand teint est celui où il s’emploie que les meilleures drogues, et celles qui font des couleurs assurées. Le petit teint est celui où il est permis de se servir des drogues médiocres, et qui font de fausses couleurs. Les plus riches étoffes sont destinées au grand teint, et les moindres sont réservées pour le petit teint.
(...) La première consiste à employer des drogues ou ingrédients qui rendent la couleur solide, en sort qu’elle résiste à l’action de l’air, et qu’elle ne soit que difficilement tachée par les liqueurs âcres ou corrosives ;
(...) les couleurs de petit teint au contraire, passent en très peu de temps à l’air, et surtout si on les expose au soleil, et la plupart des liqueurs les tâchent, de façon qu’il n’est presque jamais possible de leur rendre leur premier éclat."
Avec tout ça, c’est clair que le grand teint promet une très belle qualité.
L’astuce en + : Le petit-teint porte aussi un autre nom : le faux teint. Voilà qui est dit !
Puisque le grand-teint s’obtenait avec des plantes et végétaux, tout dépendait de ce que la nature nous offre.
Historiquement, on obtenait :
Du jaune avec de la gaude.
Du rouge, du bleu avec de la garance.
Du pastel avec de la guède.
À partir de là, on les mélangeait pour en obtenir d’autres comme le vert. Des opérations et mesures délicates afin d’élargir la palette tout en offrant de jolies nuances !
Depuis, la liste s’est un peu étoffée pour varier les intensités :
Du jaune avec de la sarriette ou du genêt.
Du rouge avec du carthame.
Du bleu avec de l’indigo des Indes.
Auxquelles on pouvait ajouter :
Du brun avec le tanin du châtaignier, chêne, noyer...
Du magenta avec la cochenille (qui est un cas à part car c’est un insecte !).
De l’orangé avec l’œillet d’inde.
Du noir ou du gris avec les noix de galle.
Aujourd’hui, les ingrédients et techniques ont évolué mais le principe reste le même : le tissu grand-teint est un tissu dont la couleur est résistante. C’est aussi et surtout le mordançage (l’étape qui consiste à ajouter des substances chimiques pour créer un pont entre les teintures et les fibres) qui le rend résistant, avec de meilleures finitions. Après, il ne s’applique pas sur toutes les matières...
L’astuce en + : Ces plantes sont des plantes dites tinctoriales. Vous pouvez aussi en profiter pour teindre votre linge à la maison !
D’un seul coup, vous vous demandez quel vêtement ou linge de maison est grand-teint dans votre armoire ? Déjà, sachez que certains textiles comme le polyester ne peuvent jamais être du grand-teint.
Cela étant, il existe un test très simple pour le savoir : le test de la pattemouille !
Mouillez une pattemouille blanche. Si vous n’en avez pas, découpez un morceau de tissu blanc dans un vieux drap ou torchon blanc.
Posez-la sur l’envers de votre vêtement ;
Passez votre fer à repasser chaud dessus ;
Si la pattemouille se colore, votre tissu n’est malheureusement pas grand-teint.
Une fois que vous avez identifié vos pièces « grand-teint », elles ne risqueront donc pas « grand-chose » au lavage. Mais votre tissu, si ! En fait, c’est lui qui va mener la danse et le programme en machine. Si le coton peut supporter de très hautes températures, la laine et la soie se lavent à 30 °C maximum !
Attention aussi au type de lessive : une formule délicate pour les textiles fragiles ne sera pas un luxe. Une serviette en coton ? Pas la peine de tenter le diable avec une formule en poudre contenant un agent blanchissant !
Que pensez-vous des couleurs grand-teint ? Teinté(e) ? Pardon... tenté(e) ? Déjà adepte, vous connaissez d’autres astuces pour en profiter ? Partagez vos avis et expériences dans les commentaires !
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